Après 3/4 d’heure d’annexe dans la mangrove nous pénétrons dans le village de Bassoul. Je suis chargé de mon matériel de tournage (deux appareils photos Lumix….).
Nous rejoignons l’équipe Voiles Sans Frontières (VSF) du bateau Yobaléma. Une équipe de trentenaires vigoureux qui vont « être à fond » durant leurs deux semaines d’intervention.
L’équipe :
Jean-Baptiste Vasse coordinateur général, Seydou Sene coordinateur local, Gace Yannis skipper / coordinateur/ infirmier, Sarrazin Elodie sage-femme, Floris Audrey infirmière / intendante, Ntankeu Adrienne responsable projet albinos, Tapha Pouye médecin, Boubacar Diatta dermatologue, et Jérôme Buton qui m’accompagne sur Ouffenfin.
Avant toute choses il est indispensable d’exposer le projet de la mission au chef du village. L’ambiance est très solennelle, impressionnante même. La présentation se fait en langue Sérére avec un traducteur. ( le delta du Siné Saloum est peuplé par l’ethnie Sérére)
La cérémonie se termine par une bénédiction du chef de village et une prière. Je comprend que cette démarche d’acceptation est indispensable pour que toute intervention se passe dans les meilleures conditions.
LES ALBINOS
Du aux mariages consanguins on trouve dans ce village de plus 5000 habitants entre 15 et 20 albinos, ce qui est 12 fois supérieur à la moyenne africaine.
Nous nous retrouvons tous au dispensaire de santé qui va devenir notre QG tout au long du séjour.
les albinos du village sont invités à se réunir sous le préau du dispensaires pour y être examinés. C’est le docteur Diatta de l’hôpital Le Dantec de Dakar et Jean Baptiste de VSF qui auscultent.
Les quelques lésions observées semblent bénignes.
Je suis frappé par la gravité du visage des mères qui emmènent leurs enfants, ce qui n’est pas habituel en Afrique.
Beaucoup d’enfants et d’adolescents mais aucun adulte.
Je pose la question, on me répond de manière évasive : « ils sont partis….. »
Adrienne Ntankeu qui exerce le métier de mannequin est française originaire du Cameroun, elle est aussi albinos, présidente de l’association ANIDA qu’elle a crée. Elle s’entretient avec les familles. Les petits albinos reçoivent un kit comprenant une paire de lunettes de soleil, une crème solaire protectrice et une crème hydratante amenés par Adrienne. La journée s’achève sur la diffusion du film « Blanc et Noir – Crimes de couleur » relatant l’assassinat des populations albinos en Tanzanie.Avec ma caméra je dois suivre tout ce petit monde et compiler suffisamment d’images pour créer un documentaire sur l’Albinisme.
Je rencontre également le directeur de l’école de Bassoul, Doudou Sarr, qui m’ouvre ses portes et me permet de filmer sa classe qui intègre des enfants albinos.
Je m’attache à démontrer les difficultés de lecture et d’écriture des enfants albinos en liaison avec leurs problèmes de vision.
Le film terminé vous pouvez le voir sur le site à l’endroit : visages/documentaires/albinos à Bassoul .
Bassar est le village voisin de 3 km environ. Le poste de santé de ce village n’a qu’une seule salle de soin. L’ancienne case qui pouvait accueillir les accouchements a été abandonnée faute de moyens au profit de la nouvelle. Je dois m’y rendre avec Elodie (sage femme pour VSF) et faire un état des lieux.
Ce que je filme est assez édifiant.
Seynabou Senghor, matrone en poste, assure tous les accouchements depuis 1977, elle y travaille encore aujourd’hui.
Elle raconte :
Il n’y a pas assez de chambres. Les malades sont dans la même pièce que les accouchées.Ce n’est pas bien pour les bébés. On ne peut pas faire les consultations en même temps que les accouchements car la salle d’accouchement n’est pas isolée et tout le monde entend ce qui s’y passe. Nous avons besoin d’une nouvelle maternité avec une salle d’accouchement, une salle de travail avec une table d’accouchement, une grande lumière, une salle de suites de couches avec 3 ou 4 lits, des sanitaires et un bureau avec un ordinateur. On manque de matériel : tabliers, pinces et ciseaux pour l’accouchement, tensiomètre et stéthoscope, thermomètre, spéculums en métal, compresses, gants, ballon pour ventiler le bébé … On manque de médicaments. »
Le film que je vais faire servira à la recherche de financements pour la réfection de l’ancienne case.
Je suis ému par la personnalité de Seynabou.
Pourvue d’une très grande générosité elle est toute entière dévouée à sa charge et à la collectivité.
Elle nous dit être la petite fille de Léopold Sédar Senghor, en effet celui ci est Sérére. Le poète, écrivain et homme politique est né non loin d’ici à Joal.
Une belle rencontre.
Elodie est venue avec un poupon mannequin, Seynabou le baptise Mamadou Senghor.
Elodie montre à Seynabou une technique de réanimation sur le bébé poupon Mamadou Senghor.
Le film est dans visages/ documentaires/maternité de Bassar.
PREVENTION SENSIBILISATION ET DEPISTAGE
L’équipe d’infirmier VSF ne chôme pas.
Dans la foulée est organisé un dépistage HTA/Diabète, 130 personnes participeront.
Jerome qui a une formation d’infirmier se joint à l’équipe médicale.
Des ateliers de sensibilisation à l’importance du lavage des mains sont mis en place avec la case des tout petits.
Diffusion du film La Pirogue précédée de quelques courts-métrages sur les IST et le VIH.
Sensibilisation avec les élèves du collège de Bassoul sur les grossesses précoces et les infections sexuellement transmissibles. Bassoul a gardé certaines traditions. En effet les femmes du village ne peuvent pas se marier en dehors du village et sont parfois mariées très jeunes (vers 16 ans) avec un cousin… les mariages arrangés sont encore très fréquents ici. La consanguinité est donc importante. Nous avons basé notre intervention sur un film d’animation ivoirien « AYA ». L’histoire se déroule à Abidjan dans la fin des années 70. Il relate la vie de 3 jeunes filles âgées de 19 ans. Aya, la plus sérieuse des 3 rêve de devenir médecin tandis que les deux autres n’ont pour seul objectif que d’épouser un homme riche qui subviendra à leurs besoins. Elles enchaînent les relations avec de multiples partenaires et l’une d’elle tombe enceinte… Nous avons projeté le film aux élèves qui devaient répondre à la fin du film à quelques questions sur les comportements à risques, la contraception, grossesses précoces et ses conséquences (déscolarisation, précarité, …), le cycle menstruel, les IST, la responsabilité partagée hommes/femmes, le viol, les mariages arrangés, autorité parentale et libertés… (source dossier vsf)